Mar 8, 2013

L’informatique, ce mal nécessaire à valeur ajoutée

Dans les réseaux – et pas uniquement ceux des constructeurs automobiles –, les outils informatiques font souvent l’objet d’une mention spéciale dans les contrats de franchise. Au même titre que l’aménagement du magasin, l’outillage ou la consommation des produits de la marque, l’équipement en matériel informatique peut être soumis à des exigences. Une pratique acceptée un temps, mais qui commence à être quelque peu vécue comme une contrainte dangereuse en ces temps de disette. Tout en admettant que “L’informatique coûte cher”, font savoir d’une seule voix les investisseurs. “L’informatique est une chose indispensable à la mise en relation avec le constructeur”, relevait toutefois récemment Josiane Escande, vice-présidente déléguée représentante des agents au CNPA et membre du groupement des agents Renault (GAR).

Indispensable, certes, mais n’est-il pas possible d’en réduire l’impact sur les bilans financiers des entrepreneurs ? Chez les éditeurs, on estime que les systèmes ne sont utilisés au mieux qu’à 30 % de leur réel potentiel, soit une situation qui va à l’encontre du retour sur investissement. “Dès lors que l’on parle d’informatique, il ne faut pas confondre la notion de prix et celle de coût, met en garde Patrick Lautard, de Solware Auto. Il y a ce que nos clients payent à l’achat et ce que cela coûte réellement dans le temps.” En clair, son expérience tendrait à inviter les utilisateurs de DMS* à réfléchir selon une logique de TCO*, comme le ferait un gestionnaire de flotte automobile, par exemple. “Le critère du coût, s’il est important, n’est pas le premier de la liste. En tant qu’investisseurs, nous regardons le rapport entre la qualité de service et le prix”, concède Josiane Escande. Il est vrai que la notion de valeur ajoutée ne doit pas être oubliée dans l’équation… Le suivi d’une formation, vendue en sus du logiciel, peut donc conduire à une maîtrise parfaite de l’outil et, de fait, à sa rentabilisation plus rapide.

Le pas de la dématérialisation

Que coûte l’informatique ? Si, dans les rangs de Fiducial, on botte prudemment en touche, chez EBP, on évoque un panier moyen de 1 500 à 2 000 euros par site, pour une version “bien fournie” d’EBP Automobile, frais de maintenance mis à part (500 euros/an). A en croire un document de présentation interne au réseau Feu Vert, l’enseigne prévoit une participation initiale de 6 150 euros HT pour l’acquisition et la mise en service des postes (solution développée en propre), puis une redevance annuelle de 4 650 euros HT, comprenant les licences d’exploitation, la maintenance et le renouvellement du parc. Mais il s’agit d’un achat de licence pur et simple. Or, il existe aussi d’autres voies, dont le modèle locatif, en lequel croit notamment Cilea-CDMI. “Nos clients payent 45 euros par mois et par poste, en moyenne”, avance Albert Aymard, le directeur commercial de l’éditeur. Un modèle économique consistant à budgétiser et à étaler les dépenses, qui progressivement fait son chemin. Il convient d’autant plus aux petites structures désireuses de conserver, sur place, les serveurs et espaces de stockage de leurs données.

Toutefois, aussi pratique que cela soit, budgétiser ne signifie pas réduire les frais. Pour cela, il faut se tourner vers les modes ASP ou SaaS, dont le principe de base consiste à dématérialiser l’existant pour mutualiser les dépenses entre clients. Concrètement, le CD d’installation du logiciel disparaît. Après signature du contrat de service avec l’éditeur, il suffit de se rendre sur une page Web spéciale et de s’identifier afin de commencer à travailler. Rien de plus simple. Les données sont alors stockées dans des lieux sécurisés et dupliquées afin d’assurer la continuité du service. Les garagistes s’affranchissent donc de l’achat récurrent de serveurs, récupèrent un espace dans le point de vente et, surtout, baissent leurs factures d’électricité, particulièrement gonflées par l’emploi permanent d’un système de climatisation pour les serveurs. Sage et Solware Auto, actifs sur le sujet, annoncent que cette proposition séduit, depuis quelques mois, plus de 9 nouveaux clients sur 10. Dans un contexte de marché où des plaques multisites de réparateurs commencent à se constituer, ces solutions “full-web” ont un intérêt certain. Plus besoin de passer des journées à mettre à jour le logiciel, point de vente par point de vente. Dès lors que l’éditeur fait évoluer son logiciel, l’ensemble de ses clients sur le territoire en profite automatiquement et instantanément. Un déploiement rapide et sans surcoût.

Toutefois, comme le rappellent certains prestataires, les modes ASP* et SaaS* impliquent pour eux un changement de modèle économique. Ils ne peuvent donc pas y aller de but en blanc et chacun avance à son rythme, mais les projets d’EBP d’ajouter cette offre à son catalogue, en 2013, sont une nouvelle preuve de la nécessité pour les acteurs de se positionner.

Optimiser l’existant

L’informatique comme un gain de temps pour les utilisateurs ? “Le parc automobile est vieillissant, il y a un potentiel à l’après-vente. Nos études tendent à démontrer qu’une optimisation de l’emploi du temps des compagnons, grâce à des outils informatiques performants, est la garantie d’un gain de chiffre d’affaires substantiel”, argue Herta Gavotto, chef de marché de Fiducial. Ce message, Patrick Lautard, de Solware Auto, le partage volontiers, mais tempère : “D’une manière générale, les logiciels regroupent tous les besoins actuels des professionnels de l’automobile. Avant d’imaginer ajouter de nouvelles fonctionnalités, songeons à bien exploiter l’existant.” Une formule de sagesse bien à propos qui se heurte aux changements d’habitudes de comportement des consommateurs. Mieux informés, plus socialisés et suréquipés, les clients des garages laissent moins de place aux délais d’attente et à l’approximation des échanges. Il ne suffit plus d’avoir pignon sur rue pour attirer le chaland, les prospects vont devoir être dragués ailleurs, notamment sur les espaces virtuels. Ce n’est pas de la science-fiction, mais bien une réalité qui se dessine un peu plus chaque jour. Qui veut suivre ne pourra se passer d’investir dans de nouveaux outils. C.Q.F.D.

* DMS (Dealer Manager System) : système de gestion des points de vente informatisé.
* TCO : Coût total de détention (comprenant l’achat, l’utilisation, l’entretien, la formation…).
* ASP : Mode de travail informatique dans lequel les services d’applications sont externalisés.
* SaaS : Software-as-a-service, autrement dit le logiciel de travail n’est pas installé directement dans l’ordinateur, mais on s’y connecte au besoin. Cela permet de facturer à la consommation.

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